CONCLUSIONS DE L’ÉTUDE

Documentation de la société civile sur les violations des droits de l’homme

Vous trouverez ci-dessous les principales conclusions de la recherche menée par The Engine Room et HURIDOCS portant sur les besoins technologiques et les stratégies communes des enquêteurs et des documentalistes de la société civile sur les violations des droits de l’homme.

Les conclusions détaillées ont été rédigées pour ce site par The Engine Room.

Pour cette étude, The Engine Room et HURIDOCS ont mené un total cumulé de 36 entretiens individuels avec des enquêteurs et des documentalistes de la société civile, spécialisés dans les violations des droits de l’homme, et des organisations de soutien immédiat. Nos conclusions s’étayent par des informations tirées d’entretiens avec huit concepteurs d’outils travaillant dans le domaine de la documentation des droits de l’homme.

Les participants

Les documentalistes de la société civile auxquels nous avons parlé :

  • pour la plupart, ont opéré dans des environnements à haut risque et avec des ressources limitées (financement, personnel et expertise);
  • ont travaillé et sont établis dans diverses régions du monde, notamment en Afrique, en Asie de l’Est, en Europe de l’Est, en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est;
  • présentent des degrés variables d’accès et d’utilisation des outils numériques;
  • ont mené des projets de documentation en ayant à l’esprit des objectifs différents et souvent multiples, notamment:
    • Les plaidoyers, auprès de publics cibles tels que la société civile, les médias, les gouvernements,
    • les organisations internationales, les mécanismes de justice transitionnelle et les organismes multilatéraux.
    • Le devoir de mémoire ou la construction d’une mémoire collective.
    • Dans le cadre de services d’aide aux victimes, tels que l’aide psychologique ou juridique ou pour informer ces services.
    • L’enquête et la documentation de preuves pour des dispositifs juridiques ou de responsabilisation.
    • L’évaluation des avancées des politiques liées aux droits de l’homme.

Processus de documentation et intégration des outils numériques

Cette étude s’est portée sur les outils qui prennent en charge au moins une étape d’un processus de documentation. De manière simplifiée, voici un exemple de processus complet « classique » :

01. Collecter

à partir de sources primaires (témoignages vidéo ou audio, photos, recueils d’informations par le biais de notes ou de formulaires standardisés, production participative, etc.), ou de sources secondaires (documents juridiques, reportages, articles de blog ou messages sur les réseaux sociaux par exemple).

02. Organiser

grâce à un système de gestion de données par exemple. Ces types d’outils peuvent aider les documentalistes à stocker, organiser et gérer les données collectées de façon à les retrouver, les organiser et créer des liens entre les éléments de preuve.

03. Analyser & Visualiser

pour mieux comprendre les données grâce à des calculs et des statistiques, des tableaux, des graphiques, etc. L’analyse peut par exemple aider les documentalistes à établir des liens entre les occurrences, à identifier des modèles récurrents, à établir des récits, à cartographier les groupes/contextes les plus touchés et à vérifier les informations en les recoupant à partir de sources multiples.

04. Partager

par exemple, auprès du public ou de partenaires de confiance, ou encore auprès d’organismes multilatéraux ou de mécanismes de justice transitionnelle. Les fonctionnalités de partage sont intégrées à la plupart des outils, et permettent notamment aux documentalistes d’envoyer des informations à des applications ou d’exporter des données dans un document.

Conclusions

01.

Les ressources constituent le facteur le plus important pour déterminer le succès ou non de l’adoption d’un outil


L’étude a montré que, bien que les outils numériques puissent être d’une grande aide pour les organisations qui doivent structurer et analyser de grandes quantités d’informations, ils ajoutent également de la complexité, Ils mettent à rude épreuve des ressources déjà limitées et, surtout, nécessitent souvent la mise en place et le maintien de méthodologies partagées pour encadrer leur utilisation.

Dans la plupart des cas, les ressources constituaient le principal facteur conditionnant la réussite des organisations à choisir et à adopter des outils informatiques pour soutenir leurs processus de travail.

  • En particulier, les documentalistes ont indiqué éprouver des difficultés à obtenir des financements pour les logiciels, le matériel et le stockage. Ceci est particulièrement important pour les preuves vidéo (par exemple, les témoignages enregistrés), qui peuvent constituer donner lieu à des fichiers volumineux. Assurer la sécurité du stockage peut représenter constituer une charge supplémentaire.
  • L’impossibilité d’acheter des espaces de stockage peut également affecter la qualité des preuves et leur valeur probante. Certaines structures ont déclaré avoir dû convertir les fichiers et enregistrements originaux dans des formats plus petits et plus légers, risquant ainsi de les endommager et de les rendre inutilisables pour leurs propres processus de documentation, ou de détruire leur valeur probante pour les procédures judiciaires et les dispositifs de responsabilisation.
  • La mise en place et le maintien de systèmes méthodologiques de qualité pour l’utilisation des outils sont cités à maintes reprises comme éléments cruciaux de l’intégration réussie des outils dans les processus de documentation. Néanmoins, ils tendent à être largement sous-estimés par rapport au temps et aux ressources nécessaires, en particulier lorsqu’il s’agit de projets plus importants (par exemple, la mise en place de bases de données).

Besoins des structures de documentation pour installer et maintenir les outils avec succès

Les structures interrogées ont mentionné avoir besoin à la fois de l’expertise du personnel et de ressources financières pour, au minimum :

  • Sélectionner des systèmes informatiques appropriés (logiciels et matériel)
  • Se tenir informés des évolutions
  • S’assurer de la mise à jour des logiciels et des corrections de bugs

Très souvent, cela implique bien plus, notamment :

  • La construction d’outils, leur maintenance et la rédaction d’une documentation pour les utilisateurs
  • La gestion des serveurs, du stockage et d’autres infrastructures techniques

Pré-requis pour mettre en place et maintenir un système méthodologique partagé

Les documentalistes et les concepteurs d’outils ont mentionné les points suivants :

  • Développer ou appréhender la méthodologie de documentation de l’organisation
  • Déterminer la meilleure structuration des données de l’organisation et les transférer
  • Consacrer du temps afin de « passer au crible, vérifier, nettoyer, acquérir et gérer » les données Mettre en place des méthodologies et des processus systématiques internes pour utiliser le système de manière cohérente au sein de l’organisation
  • Renforcer les compétences du personnel et le former régulièrement et continuellement pour s’assurer que les systèmes sont utilisés avec cohérence Le renouvellement du personnel ou le travail avec des bénévoles représentent ici une charge importante ici.
  • S’assurer que les méthodologies sont régulièrement actualisées et pertinentes par rapport au travail effectué par l’organisation.

02.

Un soutien externe peut aider, mais une collaboration fructueuse autour des outils nécessite du temps et des ressources dédiées


Certaines organisations sont capables d’atténuer leurs défis technologiques dans une certaine mesure grâce à des relations avec des consultants externes et des fournisseurs (voir la page Ressources supplémentaires pour découvrir quelques organisations offrant un soutien dans ce domaine).

Cependant, les développeurs avec lesquels nous nous sommes entretenus ont noté que le manque de capacités (technologies, temps, ressources financières ou connectivité) reste un obstacle persistant.

Ceci est particulièrement frappant pour les efforts de co-développement d’outils (c’est-à-dire des développeurs travaillant avec des communautés ou des organisations de documentalistes spécifiques pour construire ou personnaliser un outil pour leurs besoins particuliers). Comme l’a déclaré un des concepteurs d’outils,“Ils n’ont simplement pas le temps.”

03.

Les organisations ont tendance à utiliser différents outils dans le cadre de leurs processus de travail, mais ceux-ci n’interagissent e fonctionnent pas toujours de manière harmonieuse


La plupart des organisations rencontrées s’appuient sur une combinaison de formats et d’outils pour soutenir leur processus de travail, plutôt que sur un seul système global.

Si l’utilisation de différents outils leur permet de développer leurs activités et d’utiliser des outils répondant mieux à leurs besoins et à leurs domaines d’intérêt, cette approche pose également des problèmes d’interopérabilité.

Les organisations qui travaillent au sein de réseaux rencontrent parfois des difficultés spécifiques pour
assurer le bon fonctionnement d’un système à l’échelle du réseau

Les facteurs contribuant à cette situation sont :

  • Des méthodologies et des outils différents utilisés par les diverses organisations au sein du réseau
  • Des organisations de terrain d’un même réseau confrontées à un accès aux outils
    plus restreint par rapport aux organisations du réseau au niveau national ou international.
  • Les barrières linguistiques. Les documentalistes ont évoqué, par exemple, le
    le fait qu’une base de données centrale pour les membres du réseau ne soit disponible qu’en anglais ou dans une autre
    langue non parlée au niveau local. Comme l’a expliqué un documentaliste,

    “Parfois, nos partenaires doivent travaillent doublement, en renseignant leurs propres informations détaillées, puis le faire à nouveau dans notre base de données.”

Parfois, les systèmes de documentation doivent également intégrer des applications populaires (ou en cas de faible connectivité Internet, des SMS) pour collecter les informations.

Les documentalistes signalent des difficultés à organiser les informations qui proviennent de ces types de canaux. Comme le déclare l’un d’eux,

“WhatsApp est beaucoup utilisé, car l’application est très répandue dans la
région. Souvent, les rapports sont présentés dans l’ordre chronologique des événements
et comprennent parfois des photos et des vidéos… [but] nous avons du mal à conserver les fichiers dans leur ensemble.”

04.

L’analyse des données est essentielle au travail des documentalistes, mais constitue souvent un obstacle


Un grand nombre de documentalistes auxquels nous avons parlé ont souligné l’importance de l’analyse des données pour leur travail, mais beaucoup ont signalé des difficultés dans ce domaine.

Certains documentalistes ont déclaré ne pas savoir quels types d’analyse sont nécessaires pour répondre à leurs objectifs. D’autres ont une idée claire des analyses à mener, mais se heurtent à des difficultés pour leur mise en œuvre tels que :

  • Les outils déjà utilisés (par exemple pour la gestion des données) n’effectuent pas le type d’analyse souhaité
  • Ils ne connaissent pas les outils, ou les fonctionnalités à utiliser pour effectuer le type d’analyse souhaité, ou ne possèdent pas l’expertise nécessaire en la matière.
  • Ils ne disposent pas des types, formats ou quantités de données nécessaires à l’analyse qu’ils souhaitent effectuer. De nombreuses organisations disposent de jeux de données incomplets à cause, entre autres, de contraintes sur la capacité de collecte et un accès limité à certaines informations.

L’écrasante majorité des organisations auxquelles nous avons parlé n’avaient pas de spécialistes des données dans leur
équipe.

05.

En matière d’outils, les documentalistes recherchent davantage de flexibilité, de fonctionnalités hors ligne et de prise en charge des langues locales


En évoquant les éléments qu’ils souhaiteraient voir dans les outils informatiques, les documentalistes ont mentionné:

  • Plus d’options pour importer et d’exporter des données.
  • Une plus grande flexibilité des outils et davantage d’options de personnalisation
  • La prise en charge de langues supplémentaires, multiples ou locales dans l’outil, y compris une documentation dans les langues locales
  • Plus d’options et de flexibilité dans l’étiquetage des données (par exemple, la possibilité d’utiliser plusieurs étiquettes pour une seule entrée),
  • Plus d’options et de capacités pour l’analyse et l’agrégation des données
  • Plus de fonctionnalités hors ligne (les documentalistes ont cité un certain nombre de raisons pour cela, notamment un accès à Internet peu fiable ou inexistant, des coupures de courant et la surveillance dont ils font l’objetune surveillance)
  • Une plus grande facilité d’utilisation de l’outil pour différents niveaux de compétence technologique
  • Possibilité de mettre facilement à jour les informations existantes dans le système et d’ajouter de nouvelles données aux cas déjà enregistrés
  • Capacité d’enregistrer et de préserver divers types de sources secondaires (par exemple, telles que publiées sur les médias sociaux)

06.

En matière de sécurité des organisations, les documentalistes utilisent différentes stratégies, mais peu sont en mesure de réduire les risques auxquels ils sont confrontés


La plupart des organisations auxquelles nous avons parlé sont parfaitement conscientes des multiples risques pour leur sécurité auxquels elles sont confrontées. Les contraintes liées aux ressources et au manque de personnel et de moyens informatiques font que de nombreuses organisations ne sont pas en mesure de limiter les menaces pour la sécurité au niveau dans la proportion jugée nécessaire.

Malgré cela, la plupart des organisations adoptent des stratégies d’atténuation au mieux de leurs capacités, en tenant compte des risques spécifiques auxquels l’organisation est confrontée, compte tenu de son contexte.

Quels types de risques prennent les documentalistes de la société civile sur les violations des droits de l’homme?

Documenter les violations des droits de l’homme dans des contextes dangereux peut présenter des risques importants pour toutes les personnes impliquées, y compris les victimes, les témoins, les familles, les dénonciateurs, les avocats et, bien sûr, les enquêteurs et documentalistes eux-mêmes.

Les personnes qui documentent les violations des droits de l’homme peuvent être exposées, entre autres, aux risques suivants:

  • des fouilles de bureaux
  • des contrôles inopinés fouilles sur place
  • des menaces physiques et des arrestations
  • des coupures d’électricité et d’Internet
  • des attaques par logiciel malveillant sur les appareils et des mesures de surveillance
  • de l’hameçonnage, du piratage ou d’autres méthodes pour obtenir un accès non autorisé aux systèmes informatiques

Stratégies et difficultés communes en matière de sécurité

Malgré leurs ressources et autres contraintes, les organisations avec lesquelles nous avons échangé ont appliqué des stratégies de réduction de risques au mieux de leurs capacités, en tenant compte des risques auxquels elles étaient confrontées dans leur propre contexte. Dans la mesure du possible, des mesures de sécurité sont généralement prises à toutes les étapes de leur processus de travail, de la collecte au partage.

Collectes de données

Dans les environnements hostiles, la simple possession d’outils de collecte de données (caméras, enregistreurs audiosaudio, carnets et blocs-notes) peut mettre en péril la sécurité des documentalistes.

  • De nombreux documentalistes utilisent leurs téléphones portables personnels, plus polyvalents et donc moins voyants, pour collecter des preuves.
    • Bien que cette stratégie soit souvent la meilleure option par rapport à l’utilisation d’outils plus évidents, les documentalistes ont également fait part de leurs préoccupations quant à l’insécurité inhérente aux téléphones portables, et au fait que les téléphones peuvent eux-mêmes être fouillés.
    • Beaucoup de nos interlocuteurs ont exprimé le besoin de pouvoir dissimuler les données qu’ils collectent sur leur appareil, tandis que certains ont déclaré le faire déjà . (Dans notre étude sur les outils informatiques pour la documentation sur les atteintes aux droits de l’homme, nous avons trouvé certains outils qui offrent des fonctions de masquage — voir le Tableau des outils pour en savoir plus).

 

Stockage des données

Selon leur propre évaluation des risques, les documentalistes appréhendent la question du stockage sécurisé différemment.

  • Certains ne stockent absolument rien sur des systèmes connectés à Internet. Les documentalistes utilisant ce système estiment que les risques liés à cette stratégie sont ici compensés par un contrôle plus fort exercé sur leurs données ou, dans un cas, qu’il s’avère plus facile pour leurs partenaires de comprendre les risques de sécurité liés à un système déconnecté.
    • Ceux qui utilisent des disques durs ou des ordinateurs non connectés à Internet pour le stockage signalent des difficultés à obtenir un espace physique non affilié à l’organisation pour le stockage sur sur sur des disques durs ou des ordinateurs non connectés à Internet.
  • Inversement, certains choisissent d’utiliser des services entièrement basés basés sur le cloud, estimant le risque plus grand pour les données stockées sur des appareils locaux.
    • Certains documentalistes font état de difficultés à déterminer quel pays serait le plus sûr pour héberger un serveur, compte tenu des informations qu’ils collectent.
  • Certains stockent les données à deux endroits différents : souvent, l’un est hébergé basé sur le cloud et l’autre sur un disque dur ou un ordinateur sans accès à Internet.
    • Les organisations qui gèrent à la fois des ensembles de données en ligne et hors ligne signalent des difficultés à intégrer et à gérer deux jeux de données différents.
  • Dans les situations de risque grave, certaines organisations ont déclaré parfois ne pas collecter ou stocker de données du tout.

 

Dans la plupart des cas, les documentalistes s’assurent également de recourir à des protocoles de sécurité tels que :

  • Des mots de passe robustes et une identification à deux facteurs
  • Des rôles/autorisations d’utilisateurs stricts et une surveillance vigilante de l’accès aux systèmes.

 

Partage de données et communication

Les mesures de sécurité utilisées ici consistent :

  • À ne partager les informations qu’en personne, grâce à un disque dur, par exemple, et uniquement avec des partenaires de confiance (on peut inclure des dispositifs de responsabilisation).
  • À utiliser des services chiffrés comme Protonmail (courriel) ou Signal (messagerie)
    Cependant, certaines organisations déclarent avoir opté par défaut pour le courrier électronique en l’absence d’un système formalisé de partage d’informations
  • À partager les informations uniquement sous forme agrégée, dans des rapports contenant des statistiques sur les violations, les grandes tendances et quelques témoignages anonymes.

 

Un certain nombre d’organisations ont mentionné l’importance des formations et des manuels, des procédures opérationnelles et des protocoles standardisés pour les outils.

07.

La plupart des documentalistes n’ont pas pour objectif de fournir des preuves prêtes à être utilisées par les tribunaux


Bien que de nombreux documentalistes avec lesquels nous nous sommes entretenus s’efforcent de vérifier les éléments recueillis, la plupart d’entre eux considèrent que leur rôle consiste à fournir un point de départ pour les enquêtes plutôt qu’à créer des preuves prêtes à être utilisées par les tribunaux.

Certains obstacles spécifiques à la collecte de preuves pour les dispositifs de responsabilisation sont mentionnés :

  • Le manque de clarté quant aux données à collecter. Certaines organisations ont constaté que cela menait à une approche consistant à « tout collecter », sans vision claire de l’usage qui pourrait être fait de ces informations.
  • Devoir s’assurer que les preuves ne sont pas falsifiées lors du stockage et pouvoir le prouver.
    Le personnel qui recueille les données sur le terrain n’est pas formé aux règles en matière de preuves.
  • Pour ceux qui relèvent des sources indirectes telles que des éléments de preuve publiés sur les réseaux sociaux : la quantité et la diversité d’informations disponible et la question de la vérification du contenu.

En raison de ces difficultés, la plupart des organisations consultées n’ont pas conçu leurs méthodes de collecte de données en tenant compte des exigences spécifiques des dispositifs de responsabilisation en la matière.

Consultez les conclusions de l’étude sur le Développement d’outils